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  • M.M

Tout le monde a de quoi manger aujourd’hui, non ?

À l’aube de l’ère numérique et technologique où tout le monde semble être connecté avec le monde entier au travers d’un écran, il paraît inconcevable de parler d’isolement et d’exclusion. Pourtant, ce phénomène existe encore et prend des formes diverses et variées.



En France, 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté soit 14% de la population, et 3,5 millions de Français souffrent d’insécurité alimentaire. Ne pas avoir accès à un alimentation saine et variée est un des facteurs contribuant à la rupture du lien social et à l’isolement des individus, dont beaucoup sont souvent honteux d’admettre ne pas être à même de subvenir à leurs besoins alimentaires sans aide, après avoir payé pour leurs autres besoins tels que le logement et la télécommunication. (Gaëtan Lassale Affaires Institutionnelles, Plaidoyer & Observatoire « Opnalim », Observatoire Pauvreté - Nutrition - Alimentation)


Contrairement à ce qu’on pourrait penser l’insécurité alimentaire ne concerne pas qu’une catégorie de personnes. Elle concerne aussi bien les femmes seules avec enfants, les sans-abri que les ménages à bas-revenus et les personnes dont le salaire est insuffisant pour couvrir tous leurs besoins. Pour les aider et répondre à ce besoin, de nombreuses aides et associations sont nées. L’association “Ensemble pour un repas”, née en 2005, en fait partie. Nous avons rencontré Mr Farouk BOUACHA, son président, autour d’un café afin qu’il nous parle de son association.


“Ensemble pour un repas” est une association fonctionnant essentiellement avec des dons et constituée uniquement de bénévoles qui, chaque mardi soir, offrent un repas chaud et complet, préparé le jour même, à environ 300 personnes sur deux sites : Place Villette à Part-Dieu et Place Carnot à Perrache. Par cet acte, plus que répondre à un besoin fondamental de tout être humain, “Ensemble pour un repas” veut recréer du lien social et ramener de la chaleur humaine pour ces personnes qui sont souvent isolées.

En nous rendant à une de leurs distributions de repas, le mardi 28 mai 2019 à partir de 21h à la place Carnot située à côté de la gare Perrache, nous avons eu l’occasion d’échanger avec une bénéficiaire, Odette, et un bénévole, Richard qui nous parlent sous des noms d’emprunt.



Rencontre avec Richard, bénévole avec "Ensemble pour un repas"


Depuis quand êtes-vous bénévole/aidez-vous à la distribution des repas ?

Depuis 2013.


Pourquoi avez-vous décidé d’y participer ? Qu'est-ce que ça vous apporte ?

J’ai entendu parler de l’association “Ensemble pour un repas” par une amie et depuis je n’ai loupé que 6 distributions maximum. J’aide à distribuer, je vais chercher le camion et tout. Je peux aider les gens, échanger avec eux et avec les bénévoles. Ça me permet de tisser des liens, on est un peu comme une famille avec les bénévoles. Je dois mettre certaines limites avec les bénéficiaires que je n’ai pas avec les bénévoles. Il faut que je fasse attention à ne pas les vexer par exemple. Je peux leur donner des informations pour les aider à s’orienter vers telle ou telle structure, les aider. J’appelle souvent le 115 pour eux. Pour les habits, il y a la Croix Rouge par exemple.


Quel est le public touché par les distributions?

Tout type de public : des jeunes, des enfants, des plus âgés de toute nationalité, français ou pas, européen ou pas.


En quoi voudriez-vous voir la situation changer ?

Plus de logements. Surtout en hiver, quand il fait froid. On aide mais ce n’est pas assez.

Quel impact pensez-vous avoir ? Que pensez vous apporter en dehors de la nourriture ?

Ça me sensibilise, je ne gaspille pas parce que je sais que d’autres n’ont pas à manger. On ne fait pas de différence entre quelqu’un de bien habillé ou pas, on donne à manger à tout le monde qui vient.


Rencontre avec Odette, Institutrice retraité et bénéficiaire avec "Ensemble pour un repas"


Vous arrive-t-il de ne pas avoir assez à manger ?

Oui, ça m’arrive. C’est rare mais bon, ça arrive.


La recherche d'alimentation est-ce une préoccupation pour vous ? Est-ce que vous y passez beaucoup de temps ?

Eh bien, il y a la banque alimentaire, les centres, Notre Dame des Sans Abri auprès desquels je peux me procurer de la nourriture. Ça me permet aussi de discuter avec les gens, de dire mes soucis. Un jour, j’avais mal au ventre et j’ai pu en discuter. Et puis, j’ai une fille qui travaille parfois jusqu’à tard et a eu une mésaventure en rentrant un soir. L’assistante sociale m’a conseillée de lui dire d’appeler la police car elle avait été blessée, mais je l’avais déjà fait et elle n’a pas voulu. J’étais là pour qu’elle puisse se libérer de son angoisse en discutant avec moi mais elle a refusé d’appeler la police car parfois elle appelle pour des choses plus graves et “il faut voir comment on nous reçoit”. Et moi, j’ai tout ça sur le dos du coup c’est bien de pouvoir en discuter.


Combien de repas mangez-vous par jour ?

2 et demi. Je me force un peu parfois et j’ai des pathologies auxquelles je dois faire attention.


Dépendez-vous uniquement des associations pour vous nourrir ?

Pas seulement, parfois je mange chez moi



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