Implantés au cœur des quartiers, dans les villes et en milieu rural, les centres sociaux sont des équipements polyvalents ouverts à tous les habitants, où chacun peut y trouver des activités et des services dans les domaines les plus variés : culture, insertion, loisirs, logement, garde d’enfants, etc. Au premier regard, ils semblent être de simples espaces d’animation socioculturelle. Cependant, l’ambition des centres sociaux va bien au-delà de tout ça.
Bien plus que mettre à disposition des équipements auxquels les habitants n’ont pas toujours accès, ils cherchent à les rendre acteurs de leur quartier au travers de projets participatifs. En effet, depuis leur création, à la fin du siècle dernier, les centres sociaux ont eu, pour objectif prioritaire, de faire participer les habitants à l’amélioration de leurs conditions de vie, au développement de l’éducation et l’expression culturelle, au renforcement des solidarités, à la prévention et la réduction des exclusions. Chaque centre, parce qu’il est enraciné dans la réalité locale, a son identité propre, mais il fait partie d’un réseau qui souscrit aux valeurs et aux exigences communes de la Charte fédérale. Ce réseau est constitué de plus de 1200 centres sociaux regroupés en 50 fédérations ou unions départementales ou régionales, adhérents à la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF).
Nous pouvons aujourd’hui nous poser la question du rôle de ces centres sociaux dans un pays en mutation. Comment ces entités créatrices de lien social peuvent-elles faire face à une casse du milieu social illustré par les nombreux mouvements sociaux de ces dernières années ? Pour Philippe Langevin, Économiste, maître de conférences à l’université de la Méditerranée Aix-Marseille et Administrateur du centre social Saint-Gabriel à Marseille, la crise dont sont témoins les centres sociaux est une “crise sociétale, conséquence directe de la crise économique et financière mondiale. Et, même si la capacité d’action des centres sociaux paraît dérisoire face à cette crise qui relève d’un contexte global, ils ont pourtant un rôle important à jouer, notamment auprès des plus précaires. En effet, au-delà d’un rôle “d’amortisseur” de la crise, les centres sociaux doivent s’appuyer sur les valeurs fondamentales de leur Charte fédérale pour créer du lien social, et cela encore plus dans un contexte de crise“.
En effet, un centre social est avant tout une maison qui crée du lien, une maison propice à la rencontre et au partage où chacun peut se sentir chez lui tout en partageant ses passions et ses problèmes. Dans le cadre de nos recherches, nous avons eu l’occasion de rencontrer le responsable du pôle “accès au droit” du centre social Bonnefoi situé dans le 7ème arrondissement de Lyon. Ce centre créé à l’initiative du quartier de la Guillotière en janvier 2003 permet par ses différents pôles (enfance, famille, culture et vie de quartier, et accès au droit) de lutter contre l’exclusion sociale des personnes résidant à la Guillotière. Comme nous l’explique Mr Désiré. Cette maison de rencontre a des objectifs spécifiques et propose des activités sur-mesure aux habitants auxquels elles sont destinées. Le quartier de Guillotière est majoritairement composé d’une population cosmopolite aux origines diverses : Maghrébine, afrique subsaharienne, turque… Il est important de prendre en compte ces différentes composantes pour créer un réel lien entre les personnes y résidant.
Parmi les ateliers les plus demandés, nous retrouvons : les cours de français, l’accompagnement pour parents isolés, pour mineurs isolés ou encore l’aide par des écrivains publics. Ce dernier atelier est crucial pour l’intégration de bon nombre d’habitants en situation de précarité, qui face aux démarches administratives, peuvent se retrouver démuni tant le langage bureaucratique exclut naturellement de nombreuses personnes n’ayant pas les codes nécessaires à leur compréhension. Même si ces ateliers sont considérés par de nombreuses personnes comme une simple “aide aux personnes pauvres” il est important de se rappeler que ces ateliers ne sont qu’une forme de mise à niveau pour ensuite permettre l’intégration des individus dans des cercles de socialisation plus large. Ces cercles sont également encadrés et créés à l’initiative du centre social, qui organisent des fêtes de quartier, de fêtes de la musique ou d’autres événements destinés à des tranches d’âge plus spécifiques.
De nos jours, nous connaissons un pic important des comportements individualistes, en particulier dans les villes et dans les milieux à forte densité. Depuis toujours les humains ont eu un besoin de rencontre et d’échange pour avancer et s’améliorer dans le temps. Les centres sociaux répondent à ce besoin en créant des espaces de vie et de partage. C’est pourquoi les centres sociaux doivent être aujourd’hui remis sur le devant de la scène en tant qu’un des principale outil de création de lien social.
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