L’histoire du collectif “Guillotière n’est pas à vendre” commence de manière assez simple. Un petit matin, un groupe d’habitants de la zone de Mazagrand apprennent du jour au lendemain que les immeubles qu’ils habitent vont être détruits.
Pour certains c’est un choc, des familles se voient contraintes de faire une croix sur des dizaines d’années de vie et de souvenirs partagés au sein de ces immeubles. Que ce soit par la proximité avec leurs familles, les moments de partage avec les fêtes de voisinage ou encore les petites discussions quotidiennes avec les commerçants environnants, les habitants des îlots Mazagrand comprennent vite que cette politique de restructuration urbaine représente plus que la destruction de vieux immeubles, c’est une attaque à leur mode de vie et au vivre ensemble
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Très rapidement le collectif va étendre ses revendications ainsi que ses actions au-delà de la simple question de l’îlot en question. Les citoyens commencent alors à se poser la question de savoir ce qui fait un quartier, ce qui le fait vivre et ce qui pousse les habitants à échanger au sein de ce dernier. L’élargissement des sujets de revendication du collectif va vite poser le doigt sur le curseur social que représente la zone de la Guillotière. Le taux de logements sociaux ainsi que leur état sanitaire va être une des grandes questions mises en avant par le collectif, il semblerait en effet qu’un certains nombre de logements se trouvent en situation de non droit en ce qui concerne l’approvisionnement d’eau et d'électricité.
Le collectif pousse également le constat d’un urbanisme instrumentalisé en direction d’une réprimande des populations les plus précaires comme les SDF ou encore les populations migrantes en situation d’irrégularité. En effet, un certains nombre d’arrêts de tram ou bien de places publiques de Guillotière ne sont pas desservis en terme de mobilier urbain. L’absence de bancs et de tables semble être ici une volonté affirmée de la ville de ne pas faire de ces zones des lieux de vie. Cette absence de cohérence en terme de développement du quartier, ajoutée à une situation insalubre pour beaucoup de bâtiments’ pousse à se poser la question du rôle de la ville dans le développement futur du quartier. Le collectif la Guillotière n’est pas à vendre propose aujourd’hui un certain nombre d’actions et de solutions afin de pallier à ces manques constatés.
Tout d’abord, le collectif appelle les élus et autorités publiques à limiter l’effet de ghettoïsation poussé par un développement urbain trop rapide pour des populations précaires. Ce qui sous-entend de limiter et encadrer les prix des loyers et du foncier. Il est également important de soutenir les commissions anti-expulsion afin de protéger les populations les plus fragiles face à la machine administrative que représentent les bailleurs sociaux. C’est pourquoi, le collectif interpelle sur les logements insalubres dûs à la mauvaise gestion de certains bailleurs et souhaite en faire un sujet de débat. Ils soutiennent également les démarches d’écrivains publics avec mise à disposition de numéro d’urgence, dans le but d’accompagner les personnes n’ayant pas les moyens et les connaissances nécessaires pour faire face aux nombreuses démarches administratives.
Pour finir, le collectif mise sur la force première de Guillotière : la mixité sociale et le vivre ensemble. Pour se faire, les bénévoles démarchent et font du tractage dans les différents quartiers (quartier turc, quartier maghrébin, quartier d’afrique de l’ouest) afin d’unifier les habitants autour d’une cause commune : le futur de leur quartier. Ils proposent également des moments de rencontre et de partage afin de former un collectif le plus pertinent possible, en organisant des petits-déjeuners gratuits sur la place publique, des soirées de partage ou des débats à plat.
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