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sarahgfarjon

MIXITE, EGALITE, SOYEZ GENRE.E.S !


Comment le système scolaire français maintient les inégalités entre les filles et les garçons ?


« Toutes les formes de discrimination et de violence à l’école vont à l’encontre du droit fondamental des enfants et des jeunes à une éducation de qualité, qu’aucun pays ne peut offrir de manière inclusive et équitable si les élèves sont victimes de discrimination ou de violences en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre réelles ou supposées » (UNESCO, 2016)


Depuis 1975, la loi Haby a généralisé la mixité dans les établissements scolaires. Qui dit mixité devrait donc dire égalité de traitement à l’école entre les garçons et les filles, cours identiques et par conséquent mêmes chances de réussite à la sortie du système scolaire. L’Ecole d’aujourd’hui se veut porteuse d’une mixité égalitaire. Pourtant, malgré le fait que les filles réussissent mieux à l’école en termes de durée moyenne d’études, de diplôme et de taux de réussite aux examens, elles sont plus souvent confrontées au chômage, aux emplois précaires, à des temps partiels contraints… Ces différences de réussite s’expliquent dans un premier temps par la socialisation genrée et donc différenciée entre les filles et les garçons. Toute personne actrice de la socialisation d’un.e enfant est porteuse de stéréotypes de genre qu’elle reproduit consciemment ou non, ce qui affecte le développement social des enfants. On apprend ainsi aux filles à être créatives, douces, à ne pas se faire remarquer tandis que les garçons sont socialisés de façon à s’imposer dans la société, à obtenir ce qu’ils veulent. Comme l’explique Marie Gaussel dans son article « l’éducation des filles et des garçons, paradoxes et inégalités », « Les stéréotypes sexués présentent donc une double menace : ils peuvent devenir discriminatoires (ils aboutissent à traiter ou juger de manière moins favorable des personnes en fonction de leur sexe), ils sont prescriptifs (ils fonctionnent comme des normes) et descriptifs (ils montrent à chacun le comportement à adopter) ».



L’école fait partie des acteur/trice.s de la socialisation des filles et des garçons. De fait, elle est porteuse de stéréotypes qui creusent les inégalités de genre. Des chercheur/se.s comme Corinne De Boissieu parlent même de l’existence « [d’un] genre scolaire [qui] serait une construction spécifique à la culture scolaire, qui aboutit à la détermination d’identités d’élève-fille ou élève-garçon, auxquelles sont associées des manières d’être-en-classe et des choix préférentiels » (De Boissieu, 2009). Les professeur.e.s ont ainsi des comportements genrés envers les élèves selon leur genre : iels vont accorder plus d’attention aux élèves masculins, les forcer plus rapidement à l’autonomie et cela leur permet d’être plus confiants et ambitieux par la suite. Lors des conseils de classe, les filles vont quant à elles, être félicitées par rapport à leur conduite, leur style d’écriture… En intégrant ce genre scolaire, les élèves modifient inconsciemment leurs choix d’orientation... Ainsi, à la fin de la 3e, les garçons sont près de 33% à intégrer un CAP ou un BEP tandis que les filles sont 25%. Et au sein de ces élèves, les garçons sont 78% dans le secteur de la production (où il faudrait de la virilité pour s’en sortir) et les filles sont 88% dans le secteur des services (Vouillot, 2007). Il est mal vu pour un garçon d’intégrer une filière dite « féminine » alors que l’inverse est valorisé. Cela s’explique par « la hiérarchie entre les sexes, la masculinisation d’un métier féminin n’est pas un phénomène symétrique à la féminisation des métiers masculins » (Cresson, 2010).


Les métiers dits masculins étant plus valorisés, certain.e.s professeur.e.s peuvent orienter des élèves filles dans ces filières mais iels feront tout pour empêcher un élève garçon de se diriger vers un métier dit féminin car cela reviendrait pour lui à renier une partie de sa masculinité. Une des solutions pour lutter contre ces stéréotypes de genre et démontrer aux élèves qu’iels peuvent choisir l’orientation qu’iels désirent est de mettre en place des interventions pédagogiques sur l’égalité. Il est nécessaire également de former le corps enseignant ainsi que le personnel encadrant afin qu’iels cessent de reproduire des comportements genrés sur les élèves. Les manuels scolaires sont également porteurs de stéréotypes comme nous l’a montré le bac de français 2019 : très peu d’élèves ont remarqué qu’Andrée Chedid était une femme. Et cela s’explique par la faible présence de femmes dans les programmes scolaires, ce qui empêche les élèves de voir qu’une femme peut être autrice, astronaute, pilote de ligne, chirurgienne…



Bibliographie :

Gaussel Marie (2016). L’éducation des filles et des garçons : paradoxes et inégalités. Dossier de veille de l’IFÉ, n°112 -> pour aller plus loin.

Article de veille de toutes les recherches parues sur cette thématique, de la petite enfance au monde du travail. Cet article est clair et facile à comprendre.

UNESCO (2016). Réponses du secteur de l’éducation à la violence fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité ou l’expression de genre. Rapport de synthèse. Paris : UNESCO.

Vouillot Françoise (2008). L’orientation aux prises avec le genre. Travail, genre et sociétés, 18, n° 2, p. 87-108

De Boissieu Corinne (2009), « Sexes et genres à l’école maternelle », Recherches & éducations, 2


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